Réinventer pour le plateau de théâtre la fausse autobiographie du maître suédois, Ingmar Bergman, c'est le pari que s'est lancé Dorian Rossel, artiste associé à la maisondelaculture, avec son spectacle Laterna Magica, succès du festival Off d'Avignon en 2019.
Dans ses anti-mémoires éponymes, le réalisateur, metteur en scène et directeur de théâtre, se raconte sans complaisance, faisant de sa vie la matière première, le terreau de sa créativité. Ce fils de pasteur brosse un portrait au vitriol de la Suède protestante des années 20. Il rapporte sans fard son éducation austère, la dureté de son père, la froideur distante de sa mère et la violente rivalité fraternelle. Son récit fourmille de souvenirs drôles et cruels mais aussi de situations oniriques fantasmées, réinventant parfois son histoire. Oscillant ainsi entre mémoires et exutoire psychanalytique, Bergman donne à entendre la richesse de son monde intérieur. Pour nous plonger dans la tête du cinéaste, le metteur en scène Dorian Rossel imagine un lieu simple, espace de projection, habillé d'un drap blanc, à la fois fenêtre et écran, comme une échappatoire par l'image.
Quant au rôle-titre, il le confie au jeune comédien Fabien Coquil qui interprète avec justesse toutes les nuances du personnage. Avec son look d'enfant sage, il déconcerte par sa capacité à incarner aussi bien la froideur que l'ironie mordante de Bergman. Lumineux !